mercredi 5 novembre 2014

Impressions - Evolve - Très, très chasse.

Monstre Evolve

Le week-end dernier, c'est avec une certaine émotion que je me suis lancé dans cette merveilleuse aventure humaine qu'est la chasse au gros. Cependant, et même si je trouvais l'idée pittoresque, hors de question pour moi d'enfiler treillis et cuissardes et d'aller me vautrer dans la boue en attendant que du gibier daigne montrer le bout de son museau. Je suis un animal d'intérieur, et c'est pourquoi je me suis livré à une forme de chasse plus adaptée à mon mode de vie : j'ai participé à la Big Alpha d'Evolve, petit dernier de Turtle Rock Studios. J'ai ainsi pu pister (et incarner !) la charmante bête ci-dessus pendant un court week-end de test. Mon escapade laisse présager du meilleur ; voici mes premières impressions.

Dans Evolve, on ne canarde pas à tort et à travers : pas de place pour le bon chasseur qui, "quand y voit un truc, y tire." A chaque partie, une équipe de quatre joueurs doit traquer une unique cible, qui devra utiliser la faune et la flore pour se dissimuler dans d'assez vastes niveaux. L'une des très bonnes idées d'Evolve, c'est de ne pas avoir confié la gestion du monstre à une intelligence artificielle dont on aurait fini par connaître les automatismes. Au contraire, son rôle est également attribué à un joueur, et l'asymétrie de ce mode 4 contre 1 apporte beaucoup au jeu. A cause d'un léger penchant masochiste (que je ne vous permets pas de juger), j'ai décidé de jouer la proie pendant mes premières parties.

Evolve monster screenshot

Premier constat : malgré une légère différence de gabarit entre mon avatar monstrueux et moi-même, l'immersion est bien là. Les environnements sont très convaincants, et on se retrouve rapidement à courir, à sauter, ou à escalader d'immenses parois rocheuses avec un sentiment grisant de liberté. Celui-ci retombe néanmoins très vite, et fait place à une peur sourde : les chasseurs débarquent rapidement, et s'avèrent quasiment imbattables en début de partie. Plutôt que de gambader la truffe au vent, on va donc marcher doucement pour ne pas laisser de traces, "sentir" (d'un clic-droit) pour afficher la silhouette de tous les êtres vivants dans un certain rayon, et également faire attention à ne pas effrayer les oiseaux dont l'envol signalerait notre présence. On se sent vulnérable et traqué, c'est très réussi.

Mais heureusement, cela ne dure pas. En effet, le monstre peut profiter de l'inattention des chasseurs pour dévorer la faune locale, chaque animal ingurgité remplissant une jauge qui, une fois pleine, lui permet d'évoluer. Après une animation fort peu ragoûtante, la bête passe donc au stade supérieur : elle devient plus grande, plus forte, et elle peut répartir des points supplémentaires dans ses différentes capacités spéciales (cracher du feu, lancer des gros rochers... tout en subtilité). A ce moment-là, l'équilibre de la partie est très nettement modifié : d'une proie apeurée, le monstre devient à son tour un chasseur, véritable menace pour une équipe peu coordonnée. Le début de partie est donc une discrète et très tendue course à l'évolution, culminant au moment de la mutation qui laisse immobile et vulnérable pendant une longue vingtaine de secondes, avant le rendre bien plus puissant.

Evolve medic screenshot

Du côté des chasseurs, la dynamique est l'exacte inverse. Le début de partie relève du cyber-bullying : en vue à la première personne, on saute de-ci de-là en jetpack et on traque sans merci une bête seule et inoffensive, en riant à gorge déployée avec ses petits camarades. Mais lorsque le monstre disparaît, l'hilarité initiale laisse place à une anxiété croissante du type "vite, trouvons cette sale bête avant qu'elle n'évo... Ah, elle a évolué. Bon." Si le passage au deuxième stade d'évolution rend simplement le monstre plus dangereux, arriver au stade 3 le rend capable de détruire une structure présente sur la carte et d'ainsi remporter la victoire. L'objectif des chasseurs devient alors de défendre cette structure contre un ennemi surpuissant, et cela demande plus que de simplement tirer dans le tas, si gros soit-il.

Cela demande en fait de combiner intelligemment les compétences des différentes classes de chasseur, pensées pour être complémentaires. Voyons la partie type : lorsque le groupe trouve le gibier, le Trapper déploie l'arène portable, un dôme d'énergie qui permet de contenir la bête dans un espace réduit pendant 60 secondes. C'est alors l'Assault qui entre en piste, essayant de causer le plus de dégâts possibles à l'aide de ses gros flingues ou des mines qu'il peut déployer sur le chemin de sa cible. Pendant ce temps, le Medic soigne, mais peut également rendre le monstre plus sensible aux attaques, ou carrément le ralentir avec son fusil à tranquillisant. Enfin, le Support peut faire profiter les autres d'un bouclier temporaire, les rendre invisible, ou déclencher un bombardement orbital bien utile quand le monstre est empêtré dans les pièges à harpons du Trapper. Bien évidemment, tout ça, c'est la théorie ; et malgré une meilleure mobilité et une bonne coordination, il n'est pas rare que tout se termine comme ci-dessous.

Evolve screenshot medic

Le gameplay dispose donc d'une certaine profondeur, qui réside pour le monstre dans la gestion du temps et de l'interaction avec l'environnement , et pour les chasseurs dans l'utilisation des synergies entre classes. Cette richesse se trouve démultipliée par le fait qu'on pourra incarner à terme trois monstres différents (le Goliath ci-dessus, le Kraken, volant et très Cthulhien, ainsi qu'un autre encore à venir), et trois personnages différents par classe (variations sur le thème du Medic, du Support etc.) S'approprier toutes ces combinaisons et les appliquer aux différentes cartes laisse entrevoir une courbe de progression assez longue. De plus, chaque partie apporte de l'expérience permettant de débloquer les différents personnages, ainsi que divers  bonus. Difficile cependant de juger de ce volet en l'espace d'un gros week-end.

Jusqu'ici, je vous ai dressé un tableau assez idyllique de mon escapade sur Breach, l'univers d'Evolve. Et en effet, je suis très enthousiaste, pour ne pas dire hypé comme un sagouin. Cependant, plusieurs limites potentielles subsistent. D'abord sur la forme : si l'esthétique est chouette, l'optimisation technique laisse encore à désirer, l'équilibrage est à revoir et l'interface n'est pas toujours limpide. Rien que de très normal pour une version alpha, mais il faut aussi reconnaître que l'exercice de la clarté est rendu difficile par le fait qu'Evolve est un jeu assez technique. Ainsi, le nouveau venu est lâché dans la verte, et un monstre ou une équipe de chasseurs débutants se feront rouler dessus par plus expérimentés qu'eux. Ce qui amène à la question de fond : celle du public. Evolve arrivera-t-il à maintenir un pool de joueurs prêts à s'investir un peu, sans pour autant tomber dans l'écueil du jeu de puristes peu accueillant ? Le format 4 contre 1 constituera peut-être une parade élégante, car il est possible de jouer le monstre en dilettante et de quand même s'amuser, en tout cas bien plus qu'au sein d'une équipe de bras cassés. Maintenant, pour savoir combien de temps la chasse restera ouverte, rendez-vous en février.

En bonus, et pour fêter l'inauguration de la chaîne youtube de La Main au Jeu, voici une vidéo dans laquelle je subis une défaite cuisante. Et je suis poli.

3 commentaires:

  1. Super intéressante la game.

    Ta première évolution a été effectuée après le premier fight je me trompe pas ?

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    1. Absolument ! C'est le moment où le menu me demande ce que je veux augmenter comme compétences etc.

      Le problème, c'est que j'ai été trop gourmand/indécis pendant le premier fight, et j'ai du coup perdu énormément de vie (la barre rouge), ce qui est irréversible. Du coup j'étais plus en état de les battre, même après avoir évolué (car évoluer met en plus ton armure (la barre bleue) à zéro, te rendant d'autant plus vulnérable.

      C'est ça qui rend les parties vraiment intéressantes je trouve, t'es tout le temps en train de faire des arbitrages : te nourrir/te planquer, évoluer/garder son armure, être offensif pour te dégager un peu de liberté/fuir comme un lâche au risque que les chasseurs arrivent en force... C'est vraiment très cool.

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  2. Ok ! je pensais que le fait de se nourrir pouvait faire remonter la barre rouge.

    En tout cas ça m'a bien plus. On bien senti le coté parano de la première phase. Tu dois te nourrir vite et en même temps faire attention à ne pas te faire repérer.

    Dailleurs dis moi si je me trompe, mais il me semble que cette game est perdue car tu as été très vite traqué et que tu n'as pas atteint la phase 2 assez vite. Tu as passé du temps à les éviter mais peu à te nourrir.

    Le jeu m'emballe bien mais je me demande s'il ne va pas lasser, comparativement à un versus de L4D par exemple ou il y a énormément de map et de mod de jeu différents.

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