dimanche 30 novembre 2014

This War of Mine - Une guerre si vile.

TWOM title screen

En lançant This War of Mine, je m’attendais à me laisser bercer par le rythme caractéristique des jeux de survie : menace, récolte de ressources, crafting, sécurité, nouvelle menace… Et ainsi de suite, jusqu’à devenir suffisamment puissant pour pouvoir se venger de l’adversité avec une mesquinerie joviale. Il n’y avait a priori pas de raison que TWOM déroge à la règle.

C’est donc la fleur au fusil que je découvre la courte bio et les portraits des trois survivants (parmi douze possibles) que je vais guider dans cette épreuve. Ils ont l’air fatigué, tout comme la maison en ruines dans laquelle ils ont élu domicile, présentée en coupe. Mais qu’à cela ne tienne : d’un clic sur l’élégante interface, j’envoie Pavel dégager les décombres, Katia bricoler des lits, et Bruno faire la tambouille. Chacune de ces tâches prend un certain temps, me donnant le loisir d’apprécier la discrète bande originale et les décors qui semblent dessinés au fusain. L’arbre technologique laisse entrevoir un bien-être imminent : outils, récupérateur d’eau de pluie, jardin d’intérieur pour cultiver légumes ou tabac, et même une radio ! Une fois bricolée, celle-ci permet d’écouter les infos, du classique, ou même la météo, « idéale pour une promenade ». Le moral est bon : certaines ressources manquent encore, mais le luxueux camp de réfugiés équipé de tout le confort moderne n’est pas loin, je le sens.


Exactions d’éclat.
Avec la nuit vient le moment de récupérer du matériel. Où aller ? L’entrepôt, avec son trésor de planches et d’écrous ? C’est alléchant, mais finir abattu par les rebelles qui le gardent l’est moins. Cette maison encore épargnée et habitée par des retraités ? « On n’a rien à faire là-bas, à moins d’être prêts à voler », dit le descriptif. Nonobstant ma profonde gérontophobie, je décide qu’on n’est pas des pillards. Va donc pour cet autre endroit inhabité. Pavel se porte volontaire : ancien sprinteur, il sera plus efficace. Katia dormira, Bruno montera la garde. Toujours à la souris, on part donc fureter. Soudain, des cercles rouges dans une pièce voisine signalent un bruit. Un coup d’œil par le judas : des rats. Soulagé, j’ouvre un placard au pied de biche. Mais le bruit alerte un autre survivant qui apparaît, panique, et tire. Pavel riposte grâce à mes clics frénétiques, et l’importun s’effondre. Retour affolé au refuge. Celui-ci a été pillé : on a perdu de la nourriture, et Bruno est amoché. Pavel n’a pas ramené de quoi barricader les fenêtres. Et il a tué quelqu’un.

This War of Mine in-game

Arme-toi, le ciel t’aidera.
Ma gaieté initiale a pris un coup sec derrière la nuque. Pavel est anéanti : « je ne veux pas devenir un meurtrier », pense-t-il. Les autres s’inquiètent pour sa blessure : il lui faudrait des bandages. Et quand bien même il s’en remettrait, la nourriture commence à manquer. Que faire ? TWOM est âpre. Alors on peste. On se débat. On s’emporte : contre les actions trop longues et les journées trop courtes, contre le marchand qui ne vient pas, contre le froid, contre l’inventaire trop petit et les ressources toujours insuffisantes, ou contre les combats, imprécis au possible. Et puis on comprend. A l’exception du système de sauvegarde ou de l’absence de tutoriel, qui augmentent un peu artificiellement la difficulté, les mécanismes ne sont pas mal équilibrés : ils sont impitoyables et réalistes. Si nos civils se battent comme des manches, c’est justement parce que ce sont des manches. Ce sont des civils. Si les ressources se font vite rares, c’est pour forcer la main à nos personnages qui rechignent à rencontrer d’autres rescapés. Ou à tuer des vieux.

This War of Mine in game

This War of Mine parvient à rendre craintif le joueur aguerri qui s’attendait à faire de ses survivants de vrais petits Rambos de la récup’. Si quelques fautes de design et bugs mineurs sont agaçants, tous les autres mécanismes servent le thème. Et ils le font si bien qu’on se prend à regretter le militarisme gaillard d’autres jeux, tellement moins angoissants.

3 commentaires:

  1. Pour updater un peu l'article, je tiens à préciser qu'il est très addictif chez certaines personnes. J'en suis à plus de 100 heures... Je termine avec tous les personnages, c'est la moindre des choses ! Un petit DLC qui apporte quelques changements mineurs est proposé depuis une semaine, avec un prix qu'on choisit (1,10, 20 euros). Tout est reversé à des associations pour aider les enfants victimes de conflits. Le sujet leur tient vraiment à coeur.

    RépondreSupprimer
  2. Ce jeu fais partie de ma petite liste, je vais me laisser tenter de ce pas.

    Bonne article qui m'a donné envie, je reviendrais après y avoir joué.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup ! Il se trouve justement qu'il est en promo sur Steam, à -33%. Il vaut vraiment le coup d'être essayé, ne serait-ce que pour l'originalité du thème et de l'expérience.

      Supprimer