mardi 21 octobre 2014

Curious Expedition - Des dinos et des hommes


L'aventure est parfois au coin de la rue. Tenez : moi, tous les jours, je prends le tramway et je passe par l'arrêt Alexandra David-Néel. Alexandra, c'était une telle baroudeuse que son seul nom suffit à me faire pousser le sac de rando. Bien avant les vols low-cost, elle voyagea en Inde, au Japon, et fut la première femme à mettre les pieds au Tibet. Et elle n'est que l'un des nombreux personnages qu'on peut incarner dans Curious Expedition. Si l'aventure n'est pas nécessairement au coin de la rue, elle est au moins à portée de clic.

Dans Curious Expedition, on incarne donc un explorateur célèbre. Après avoir choisi son équipage et préparé vivres et équipement, on se lance à la conquête d'un continent généré procéduralement pour y chercher gloire et trésors. De là, on rencontrera tout ce qui compose le quotidien de l'Indiana Jones moyen : populations indigènes plus ou moins hostiles, pièges vicieux, temples maudits avec malédiction en option, bêtes sauvages affamées... Pas de nazis à l'horizon en revanche (l'action a lieu au 19e siècle), mais ceux-ci sont avantageusement remplacés par des dinosaures. Oui.


Génération procédurale, environnement hostile et potentiellement mortel, gestion de maigres ressources : s'agit-il d'un rogue-like de plus? D'un simple Faster Than Light sur la terre ferme ? Que nenni. Les développeurs Maschinen-Mensch insistent volontiers sur l'importance des interactions entre personnages : chacun aura son caractère propre, et réagira différemment à chaque événement, ainsi qu'au comportement de ses camarades. Ainsi, les menaces pourront venir à la fois de l'extérieur (cf. LES DINOS), et de l'intérieur : comment l'équipe affamée traitera-t-elle un membre cleptomane ?

Les deux membres de ce petit studio indépendant allemand, Riad Djemili et Johannes Kristman, n'en sont pas à leur coup d'essai. Ils ont auparavant travaillé chez Yager sur le très troublant Spec Ops: The Line (2012), dont certaines scènes me hantent encore. A l'époque, Spec Ops avait été comparé à Heart of Darkness (1899), roman de Joseph Conrad qui explore la psychologie du colon européen face à l'impérialisme et au racisme, et qui avait notamment inspiré Apocalypse Now. Avec Curious Expedition, les développeurs estiment s'approcher encore plus des thèmes du roman, sans cependant les présenter de façon caricaturale.


En effet, un des mérites de Curious Expedition, c'est de ne pas prendre le joueur par la main. Plutôt que d'essayer de modéliser toutes les situations, les développeurs ont fait le choix du texte. Les visuels posent une atmosphère, et de brefs récits permettent à chacun de laisser libre cours à son imagination, de se créer sa propre histoire. Ainsi, libre à chacun de se focaliser, par exemple, sur le traitement des indigènes, ou sur la chasse au dinosaure à grands coups de canon Tesla (que l'on obtient en jouant le Nikola du même nom).


Un jeu intéressant et difficile, qui tente de renouveler un genre très représenté (le roguelike) en pariant sur l'imagination du joueur, tout en abordant des thèmes variés et rarement mis en scène dans le jeu vidéo ? Autant vous dire que je suis tout émoustillé, et que j'attends Maschinen-Mensch au tournant. Le jeu devrait sortir courant novembre pour un prix avoisinant les dix euros. Il sera d'abord disponible sur le site des développeurs (PC, Mac & Linux), puis sur Steam et supports tactiles peu de temps après. 

D'ici là, je n'aurai plus qu'une pensée : rejoindre Alexandra à l'autre bout du monde pour découvrir des contrées inexplorées. J'espère seulement qu'on pourra y aller en tramway.

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