Compil Indé #2 - Métro, Boulot, Dingo

Aujourd'hui, deuxième édition de la "compil jeux indé."  Ce coup-ci, on va s'attarder sur quelques jeux de réflexion, aussi appelés puzzle games dans la langue de Patrick Stewart. Et vous verrez, il y en a pour tous les goûts, et pour tous les moments de la journée : il n'y a pas d'heure pour finir névrosé.

Contrairement à ce qu'on essaie de vous faire croire, on ne vit pas une époque formidable. La vie est dure et laborieuse, et rien n'est jamais simple. Les tâches les plus anodines peuvent devenir d'immenses prises de tête, et même les gestes de la vie courante sont susceptibles de se transformer en monstrueux casse-tête. Vous ne me croyez pas ? Ces quelques jeux devraient vous convaincre. Méfiez-vous cependant ; résoudre ces casse-tête peut vite devenir étrangement satisfaisant, et donc particulièrement obsédant...

Face A :

-Mini Metro (Dinosaur Polo Club, 2014) : tout le monde a déjà  maudit le chauffeur du métro. Mais est-ce qu'on essaye de se mettre à sa place, ne serait-ce que cinq minutes ? Et à celle du type responsable de gérer tout ce bordel ? C'est ce que vous propose de faire Mini Metro. Tout commence de façon assez simple : l'écran affiche un plan de ville minimaliste, composé d'un aplat de couleur, d'une rivière bleue, et de quelques symboles (triangle, rond, et bien d'autres) représentant des gares. Des symboles plus petits figurant les passagers apparaissent alors à côté des gares, et il faut amener les ronds à la gare ronde, les carrés à la gare carrée et ainsi de suite. Pour ce faire, il suffit de tracer des lignes de métro avec la souris. Facile ? Absolument pas. Les gares se multiplient au fur et à mesure de la partie, les lignes ne vont jamais assez vite, le budget est trop limité (pas assez de tunnels, pas assez de lignes...), et les passagers beaucoup trop nombreux. Et très bientôt, ce sont eux qui vous maudiront. Ça vous apprendra à respecter la RATP.

-Limbs (Rezoner, 2014): après un trajet en métro rendu éprouvant à cause de vous-savez-qui, une dure journée se poursuit d'habitude par un travail stressant. Et ce sera toujours vrai dans un futur proche, comme le démontre Limbs, jeu développé pour une game jam à thème cyberpunk dans lequel vous incarnez un réparateur de mains cybernétiques. Assis à votre établi, vous allez voir défiler les paluches de vos clients, qu'il faudra remettre en état : composants grillés, phalanges dysfonctionnelles, ou demande plus spécifiques comme cet espion qui a besoin d'un index où cacher du poison. Car bien évidemment, vos clients ont tous des caractéristiques différentes, et il faut donc choisir les composants les plus appropriés à leurs besoins respectifs (avec une interface qui n'est pas toujours un modèle d'ergonomie). Et pour couronner le tout, on se coltine un patron obsédé du rendement : il faut donc traiter le plus de cas possible en un temps limité. Je vous avais dit que ce serait stressant.

-Back to bed (Dadiu, 2011 ; Bedtime Gaming, 2013) : après tant d'émotions, un repos bien mérité semble s'imposer, pas vrai ? Ne soyez pas naïf ; les énigmes vous poursuivront jusque dans les tréfonds de votre sommeil. Dans Back to Bed, vous essaierez ainsi de rendre un peu plus tranquilles les nuits d'un certain Bob, narcoleptique et somnambule de son état. Pour ce faire, dans la peau de son fidèle (et assez flippant) compagnon canin, vous le guiderez à travers les embûches dans des niveaux rappelant les oeuvres de M.C. Escher, en vous basant sur le fait que Bob se déplace en ligne droite, et tourne à droite au moindre obstacle. Sur la douzaine de niveaux de la démo, le challenge se corse assez rapidement, et on finit par se demander si on ne va pas laisser tomber le pauvre Bob pour préserver sa propre santé mentale. Le jeu dispose par ailleurs d'un degré de finition impressionnant pour une démo de projet étudiant, et cela a manifestement frappé les joueurs ; ceux-ci ont donc aidé le studio à financer une version plus développée de Back To Bed grâce à un Kickstarter réussi l'année dernière. Parce qu'ils en veulent encore ; c'est l'addiction dont je parlais plus haut.

Face B (bonus) :

-Triad (Anna Anthropy, 2013 ; dézippez l'archive et lancez TRIAD.exe) : cette symphonie en l'honneur de vos neurones cramés touchant à sa fin, restez donc encore un peu pour la piste cachée. Dans Triad vous allez devoir résoudre une des grandes questions qui se posent à l'humanité : comment dormir à plusieurs dans un lit sans se réveiller pétri d'une haine tenace à l'encontre de ceux ou celles qui partagent votre couche. Alors je vous vois venir, vilains dégoûtants : il s'agit bien ici de dormir, et rien d'autre. Mais c'est plus compliqué qu'il n'y paraît : sur un lit quadrillé, vous placez vos dormeurs qui rappellent des pièces de Tetris. Une fois que c'est fait, la nuit passe et malheur ! Vos dormeurs bougent dans leur sommeil, avec un comportement spécifique pour chacun. C'est donc à vous de trouver le bon placement initial pour qu'ils finissent tous sur le lit, et sans s'être percutés mutuellement. Bon courage. Moi, je dors sur le canapé.