lundi 23 mars 2015

The Banner Saga - Winter is comi... oh wait no, it's here.

The Banner Saga intro screen

Le printemps a officiellement commencé il y a deux jours. Certains se réjouissent, pas moi. Voyez-vous, je suis une créature de l'hiver, et j'aime braver les éléments au quotidien. Pour garder avec moi un peu de cette ambiance hivernale, j'ai essayé The Banner Saga, titre fortement inspiré de la mythologie viking dans lequel on dirige une colonne de réfugiés qui essaie vainement d'échapper à la fin du monde, rien que ça. Cette dernière est imminente puisque le soleil a arrêté de suivre son cours. Autant vous dire qu'ils se les gèlent.

 The Banner Saga est un jeu de stratégie tactique sorti en janvier 2014. Il a été développé par Stoic Games, un studio composé d'anciens de chez Bioware. D'habitude, la simple mention du nom "Bioware" suffit à faire se pâmer les fans de jeu de rôle ; on leur doit en effet des grands noms comme Baldur's Gate, la série Mass Effect ou plus récemment Dragon Age: Inquisition. Portés par un tel CV, les développeurs ont vu leur demande de financement participatif devenir une des success story de Kickstarter : ils demandaient 100 000$, et ils en ont obtenu plus de 700 000.

Mais les joueurs n'ont pas juste suivi aveuglément la renommée de ces développeurs. La direction artistique en a fait baver plus d'un : le trailer montrait des paysages enneigés splendides et des personnages qui n'auraient pas dépareillé dans les dessins animés des plus grands studios. Et pour cause : la direction artistique s'inspire ouvertement de Don Bluth (Brisby et le secret de Nimh, Anastasia, ou encore Dragon's Lair). La bande originale (écoutable ici) a également frappé, et ce n'est pas une surprise puisqu'elle a été composée par Austin Wintory, dont le travail sur Journey avait été récompensé par un Grammy award, fait rarissime dans le milieu du jeu vidéo.

The Banner Saga landscape

 Donc pour résumer, on en prend plein les mirettes et les esgourdes, et c'est très agréable d'être dans d'aussi bonnes conditions pour explorer un univers aussi riche que celui de The Banner Saga. L'intro nous parachute en pleine fin du monde, et on découvre petit à petit la mythologie, l'histoire et les coutumes bien particulières régissant ce monde où cohabitent les hommes et les Varls, peuple de géants cornus apparemment créés par les dieux. L'épaisseur de l'univers transparaît quand on jette un œil à la (magnifique) carte interactive, où un clic suffit pour en apprendre plus sur n'importe quel lieu, région ou site remarquable (y compris ceux que l'on ne visite pas en jeu).

The Banner Saga, map

Au-delà de la profondeur mythologique, The Banner Saga c'est aussi un grand nombre de personnages, magnifiés par une très grande qualité d'écriture. On sent que du soin a été apporté à chaque dialogue, à chaque petit bout de description, et on s'attache rapidement aux membres de notre caravane. Le fait de devoir gérer un groupe de réfugiés qui compte sur nous en ces temps ce fin du monde nous met régulièrement face à des situations difficiles à négocier : vais-je par exemple accepter ces quelques survivants d'un village en ruines, alors qu'ils représenteront autant de bouches supplémentaire à nourrir ? Les conséquences de nos actes sont rarement évidentes, et la morale toute en nuances de gris rappelle bien sûr Game of Thrones, autre inspiration avérée des développeurs (la cruauté gratuite en moins).

The Banner Saga dialogue

Les plus observateurs d'entre vous auront remarqué que j'ai beaucoup parlé histoire, esthétique, mais que je n'ai pas mentionné le gameplay. "Comment qu'ça se joue c'truc ?", me demanderez-vous avec votre accent pittoresque. Hé bien, c'est compliqué. Au cœur du jeu, on a des combats tactiques au tour par tour reposant sur un système assez original. Entre deux combats, on parcourt le monde et c'est le versant gestion de ressources (nombre de réfugiés, quantité de nourriture, durée du voyage, moral des troupes...). A tout cela viennent s'ajouter les rencontres faites en chemin, qui déclenchent des dialogues à embranchements dont découlent parfois des choix moraux difficiles. Ah, j'oubliais : en plus, les principaux membres de votre équipe (ceux qui sont impliqués dans les combats) gagnent de l'expérience, ce qui ajoute une composante "jeu de rôle" (dans le sens numérique du terme). "Sacré gloubiboulga", remarquerez-vous. Tout à fait. Et si la mayonnaise prend, elle a quand même un drôle d'arrière-goût. [Fin des métaphores culinaires bancales.]

The Banner Saga combat

Car au final, si les combats tactiques sont intéressants, ils finissent par devenir un brin répétitifs, et ce d'autant plus qu'ils n'ont pas forcément d'impact scénaristique (un personnage qui tombe au combat est simplement blessé pour quelques jours). De façon symptomatique, j'ai baissé le niveau de difficulté sur la fin pour profiter de l'histoire sans m'empêtrer dans un énième affrontement. De la même manière, si la gestion de la nourriture et du moral suggère bien la dureté du monde en début de partie, elle est trop abstraite. On finit par se détacher de ces qui sont essentiellement représentés par des nombres. Seuls les dialogues nous font nous soucier du bien-être des réfugiés, et sans ça, on finirait par tous les laisser crever sans un battement de cil.

Ceci étant dit, je fais la fine bouche, mais je m'en voudrais de finir sur une note négative. Certes, au niveau du gameplay, The Banner Saga est un mélange qui n'est pas toujours très heureux. On en vient à se demander si un autre type de jeu  n'aurait pas été plus adapté pour nous faire profiter de la direction artistique et de la richesse de l'univers. Mais il ne faut pas non plus bouder son plaisir : The Banner Saga reste un jeu prenant et qui vaut la peine d'être découvert. Si Stoic apporte quelques modifications pour le prochain épisode (prévu mi-2015, voir le trailer ci-dessous), on tiendra peut-être même-là un grand jeu.

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